jeudi 27 juin 2013

Et toi, tu l'assimiles comment l'information ?

Au petit déjeuner ce matin, la journée a commencé bizarrement. Un mal être subitement. Une sensation de vide. Bien installée, je lisais la presse locale de la veille et je tombe sur cet article qui m'interpelle, qui me rappelle quelque chose.
Cet article parlait d'un procès de la veille qui concernait un jeune homme de 28 ans, condamné parce qu'il avait approché des mineurs pendant ses missions scout alors qu'il était tenu de se tenir éloigné d'eux depuis 5 ans, période à laquelle des photos pornographiques pédophiles avaient été retrouvés chez lui.
BIM.
Ce jeune homme, c'est un collègue. Un collègue avec lequel on rigole bien.
J'en avais entendu parler de cette histoire de soi-disant photos. Je l'avais gardé dans un coin de ma tête mais de là à stigmatiser le collègue. Non. Je suis du genre à fuir les rumeurs, m'en éloigner le plus possible, bouuuuh, les vilains ragots ! 

Alors, un peu sonnée, je découpe quand même l'article pour en discuter avec une collègue avec laquelle je m'entends très bien. Elle est sonnée aussi quand elle lit, elle en a des frissons et tremblements, et bien sûr, on se dit que de toute façon, on garde cela pour nous même si nous ne sommes pas dupes : de nombreux collègues la lisent aussi la presse locale.

9h45. BIM. Ma collègue de bureau dépressive a l'air d'avoir reçu un mail choquant, elle souffle, l'air de ne pas en revenir et me dit "tu veux que je te racontes un truc ?"
- "non, ça ne m'intéresse pas " (ma collègue dépressive et j'm'en foutiste, je ne m'entends plus, mais alors plus DU TOUT avec elle. Ragots, poil dans la main, pessimisme, tout ça, ça ne m'intéresse pas, voyez-vous)
- "Tu fais la gueule?"
-"Non, c'est juste que je travailles, tu comprends ?"

Et de là, elle file sur l'open space pour répandre la dite nouvelle dont j'étais sûre qu'il s'agissait de cette histoire dans la presse.
Une autre collègue de l'open space me fait suivre le mail envoyé à tous les prêcheurs de ragots de la boite.
Il s'agissait bien de l'article scanné avec cette phrase : 
"On avait des doutes. C'est confirmé. ça fait peur ! "

Ce mail émanait de la déléguée du personnel, actuellement en congé maternité. Elle a donc soigneusement envoyé cet article de chez elle le matin à des personnes bien ciblées dont elle était sûre de la traînée de poudre que cela provoquerait.

En recevant ce mail, mon sang n'a fait ni une ni deux : on se rend illico-presto dans le bureau du DAF pour expliquer ce qui se passe.

1) L'expéditrice n'est autre que la déléguée du personnel mais Mon Dieu, comment peut-elle endosser de telles responsabilités alors même qu'elle ose colporter de telles informations au sein d'un groupe aussi malsain soit-il (car les personnes les plus vils étaient ciblées, rappelez-vous) ?

2) la traînée de poudre était en train de monter crescendo avec toutes ces petites vermines qui s'extasiaient devant cet événement et le colportaient d'une manière si minable.

3) Et surtout, cet article est paru dans la presse locale, il faisait 8 lignes. 8 lignes qu'il tenait de vérifier, non pas qu'il faille douter de la véracité des événements, mais au moins de savoir ce qui s'est réellement passé.

Car bien sûr, ce qui a été fait par ce collègue est forcément intolérable et ne peut être cautionnable sous aucune forme. Mais c'est passé en jugement hier, il a eu sa peine (4 mois de prison, 2 mois avec sursis et 2 autres avec bracelet électrique pour lui permettre de continuer d'exercer ses fonctions professionnelles) et personne dans la société ne le connait suffisamment pour pouvoir être en mesure de le juger comme il a pu être fait ce matin.
C'est inacceptable mais pour autant, je pense qu'il a le droit de continuer de travailler. Il fait bien son boulot, il essaie de s'intégrer, il doit continuer de venir travailler.

Car ma pensée, lorsque j'ai vu ces vermines se lâcher sur lui, a été d'imaginer ce qu'il adviendrait si ce collègue arrivait tout de suite maintenant ? Certains voudraient certainement lui casser la gueule. Oui, il le mérite certainement. Mais, il n'empêche que le jugement est acté, ce collègue, ça fait 4 ans que je le côtoie, ce n'est pas non plus un paria. 

Aujourd'hui, j'espère seulement pour lui qu'il aura tout de même le cran de revenir. Pour au moins, fermer la bouche de tous ces gens qui se délectent de ces histoires croustillantes pour donner du sens à leur quotidien (C'est seulement pitoyable mais bien réel malheureusement).
Car malgré ce qu'il a fait, il se doit de continuer à travailler sur ses projets professionnels. 
Pour lui aussi. Car il est malade, c'est certain.

Aujourd'hui, de tels comportements m'ont encore conforté dans l'opinion que j'avais de ces collègues. 
Je ne les portais pas mon cœur. 
Ils ont fait preuve en outre d'un grand manque d'intelligence encore plus prononcé aujourd'hui.
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